Marius CHELARU
L'amour

Tu dors en moi
Tes cheveux dénoués, tes cheveux libres,
Nue comme un bref éclat de bonheur
Qui trouble le premier cri de la Terre
Que Dieu m'a donné en cadeau
Quand on m'a conçu
De l'obscurité où j’ignorais la souffrance.

Et, dans cette église où les années passent
Et nous recouvrent peu à peu de leur voile,
Où deux icônes
De dieux
Se regardaient face à face
Pareils à deux gros morceaux de vie,
Tu m'as coupé en deux
Comme si j'étais une pomme
Pleine d’amour et de haine à la fois.
Tes yeux étaient comme deux larmes
Sculptées dans ma prière quand
Tu t’es saisi la chair de mon âme –
Mon père, la nuit, avec sa vie toute tombée en ruines le dimanche,
Ma mère, le jour, qui comptait les morts de mon père,
M'ont regardé jusqu'au moment où je me suis évanoui
Dans ton sang.

Tu m'as divisé en deux
Comme si j'étais une pomme
Pleine d’amour et de haine à la fois,
Tu ramassais ses pépins nus de mon cœur,
Rejetés, ils restent maintenant par terre
Et gardent leur silence avec une langue débordant d'amour
Dans l'âme de mon frère éternel – mon pays.

Moi, je meurs aussi,
Couché ici parmi les rêves où tu es restée allongée
Tous les sept jours de la semaine
Dans ma paume à jamais plongée de ces instants de délire,
Moi qui prie Dieu que ton haleine
Souffle encore et absorbe la chair de mon corps encore une fois
Pendant que mon père, la nuit,
Et ma mère, le jour,
Nous regardent

Traduit de l’anglais par Athanase VANTCHEV de THRAC

 


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