Marcel MURESEANU

Alfa

Se moquant toujours de la mort
lui criant des mots désagréables
au dessus de l’épaule,
imitant toujours son pas de cigogne,
retroussant mes manches
pour qu’on voit mes os minces,
comme les siens, dans les photos de famille,
me voilà arrivé à la maison
où sur sa porte écrivait:
“Rien n’est plus affreux
que la Mort, et pour perpétuer son travail
elle nous demande la plus grande force.”
Je lève les yeux: à la fenêtre
des fleurs d’automne et un monsieur
assez triste, le regard lent,
suivait les grenouilles des nuages dans le ciel.
Comment avez-vous appris tout sur la Mort ?
Je ne sais rien sur elle, il m’a répondu,
je n’ai pas écris cette phrase !
Mais qui, le bon monsieur Hegel ?
Elle !
La fenêtre s’est renversé violement.
Maintenant on trouve encore
des éclats en verre de ce temps-là,
n’importe combien les pèlerins les ramasserraient.

 

Un cas heureux

Il y a un mort dans la maison
mais jusqu’il faut que je sache que je ne sois pas celui-là
le temps passe, il fait nuit
je ne vois plus essuyer la poussière sur les tableaux
je ne vois plus les écroulements de l’eau
le froid intrus entre par la fenêtre ouverte
nous n’avons pas ensemble aucune convention
la pendule a avancé cinq minutes
quand je la regarde elle s’arrête
et m’attend-là;
c’est ça ton remerciement
après une vie passée ensemble ?
On se sent gêné comme un pauvre bossu.
Il y a un mort dans la maison, je sais pas où il s’est caché
mais quand j’apprendrai ça sera trop tard
je fouille partout, une glace seulement a restée
je ne crois pas dans les caches de derrière
ni de dedans
même si les multiplications de son oeil mensonger
                                                                me tourmentent.
On attend le jour, je me dis
elle tout de même va passer par ici
mais le mort n’a pas de patience
comme un flambeau il sort de ma bouche
et se dirige vers la fenêtre ouverte.

 

Un jour comme les autres

Clujul, le soleil dans ses yeux,
ne réclame plus rien au monde,
il ressemble à un triste babouin
d’une forêt défrichée !
N’importe quelle prière s’élève vers le ciel
et c’est pas bon qu’on se demande
que fait le ciel avec elle,
peut-être qu’il essuie sa front,
peut-être qu’il lui donne un chiquenaude
ça n’importe plus !
Les choses sont si simples à leur carrefour
car elles nous forcent les nerfs, nous raffolent,
disparaissez, bouleversez-vous, mes chéries,
on les dit, défigurez-vous, faites-vous de figure sculptée !
Et soudain éclôsent de nos œufs des théories.
Maintenant oui, on se sent bien,
poussent de blancs cheveux
dans notre barbe blanche, ils mangent nos bouts,
et pousse de nous le génie désolé !
J’attends depuis toujours, batiouchka, une nouvelle
de Iasnaïa Polïana !
Je suis déjà flétri !
Mais Cluj, le soleil dans ses yeux
rie avec sa bouche jusqu’à ses côtés
du Couchant !

 

Tout sera bien

Dites-vous tous après moi
et vous serez sauvés
de l’inutilité de l’habitude:
“dans un jardin à vapeurs
vie une locomotive à fleurs !”
une fois plus fort deux fois en pensée !
Et puis regardez à votre droite
et on verra un banc en bois.
Approchez-vous et reposez-vous ici
comme si vous êtes tout seuls.
Un chat sauvage traverse le ciel,
mais il ne va pas entrecroiser la Terre.
À vos pieds surgira
une vase dorée  pleine de saintes huiles.
Il faudra qu’on graisse tout seuls
le corps nouveau .
Quand vous voudriez quitter l’Enceinte,
prenez comme point de repère
le Canton Abandonné d’en arrière
qui sera terminé jusqu’à ce moment-là.
En route répétez de temps en temps
le canon du début de notre rencontre…
Malheur à nous !
Traduction: Claudia PINTESCU

 


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